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le cas où vous n’auriez pas vos gens ici… je serais trop heureux de vous descendre à votre porte.

— Monsieur, — s’écria le prince, — ne croyez pas m’échapper… il faut que je sache qui vous êtes, et je le saurai.

— Je vous ferai observer, Monsieur, — lui dis-je, — que je cherche d’autant moins à vous échapper, que je vous prie de me faire l’honneur de monter en voiture avec moi…

— Soit, Monsieur… j’accepte… — dit M. de Montbar.

En quelques minutes, nous avions atteint la petite rue obscure dans laquelle m’attendait Jérôme, endormi sur son siège. Je tremblai qu’ainsi éveillé en sursaut, il n’eût oublié mes recommandations, et qu’il ne me nommât de mon nom de Martin. J’allais prier le prince de monter d’abord dans la voiture, comptant éveiller ensuite Jérôme ; mais M. de Montbar, dans son impatience le secoua rudement, en le tirant par le collet de son carik.

Mon angoisse fut extrême en entendant le digne cocher bâiller, se détirer, et dire enfin encore tout endormi :

— Hein ?… qu’est-ce que c’est ?… voilà ! voilà !

— Allons, Jérôme, mon garçon, dépêchez-vous donc, — lui dis-je à voix haute, — venez donc nous ouvrir la portière, — et j’appuyai sur ce mot nous.

Jérôme se souvint parfaitement de ma recommandation ; car, sautant à bas de son siège, il me dit respectueusement :

— Ah ! mon Dieu ! je vous demande bien pardon… je m’étais endormi, Monsieur le Marquis