Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/185

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Soyez tranquille, Monsieur, je me conduirai en galant homme… vous saurez tout ce que vous devez savoir… mais vous êtes ici en danger, Monsieur… toute retraite vous est coupée… Regardez derrière vous… (le prince en me parlant, tournait le dos à la salle) nous ne pouvons sortir de ce coupe-gorge qu’avec beaucoup d’énergie… Je dis nous, Monsieur, d’abord parce que deux hommes bien élevés, deux hommes de cœur se doivent soutenir en pareille circonstance… puis la menace même que vous m’avez adressée tout-à-l’heure, Monsieur, me donne maintenant presque le droit de partager votre péril.

— Je vous remercie, Monsieur… j’accepte… Votre langage, vos sentiments même dans cette occasion, me prouvent du moins que ce qui se passera entre nous, plus tard se passera entre gens comme il faut.

— En attendant, Monsieur… — dis-je au prince, et brisant d’un vigoureux coup de pied un tabouret, je donnai ensuite à M. de Montbar un de ces montants de siège cassé, transformés ainsi en bâtons courts et solides, — armez-vous de ceci, surtout n’attaquez pas… mais si l’on vous touche… frappez à tour de bras et visez aux figures…

Pendant que je tenais à M. de Montbar ce langage digne et poli dont il était si surpris, j’avais vu l’orage s’amonceler… L’horrible bergère et une foule de hideux personnages, dignes de soutenir cette créature, s’étaient groupés au pied du seul escalier par lequel il nous fût possible de descendre de la galerie… Trois ou quatre gardes municipaux chargés de maintenir l’ordre, se trou-