M’approchant alors de la table devant laquelle le prince s’accoudait, j’ai simulé une pointe d’ivresse, et affecté de prendre le grossier langage des habitués du lieu.
— Ah çà ! mille dieux ! est-ce qu’on boit les uns sans les autres ? — ai-je dit à mon maître en lui frappant familièrement sur l’épaule.
M. de Montbar, relevant brusquement la tête, me regarda avec hauteur d’un air surpris et irrité.
— Eh bien ! après ? — repris-je en le fixant, — je te dis, mon vieux, qu’un homme qui boit seul, me fait de la peine… c’est un célibataire… de bouteille…
— Au fait… tu as raison, — répondit le prince, dont le courroux fit place à une sorte de gaîté factice et amère, — c’est ennuyeux de boire seul… Et d’ailleurs, rien que pour l’affreux tatouage dont tu t’es barbouillé la face… tu mérites qu’on te paie bouteille ; demande un verre… et trinquons.
— À la bonne heure… garçon, un verre.