amour pour Just, il y a un côté de déloyauté forcée par ma position, qui m’humilie, et puis enfin, parce qu’il y a pour moi quelque chose de triste, de honteux à répéter à Just, sincèrement il est vrai, presque les mêmes mots, les mêmes assurances d’affection que déjà j’ai dites à un autre… sincèrement aussi… Car, hélas ! l’amour n’a qu’un langage… Et puis mon amour pour Just est né au milieu des larmes, au milieu de chagrins affreux ; la racine en est amère, les fruits sont amers aussi ;… mais il n’importe, je n’ai plus le choix, mieux vaut pour moi cet amour mêlé de regrets, de remords et d’amertume, que cette vie morne, solitaire, désolée, qui a été si long-temps la mienne… et qui, sans vous, sans votre tendre amitié, ne se fût pas prolongée long-temps. . . . . . . .
» . . . . . Nous étions mariés depuis six mois, mon bonheur n’avait jamais été plus grand. Mon premier soupçon a été éveillé par une lettre anonyme.
» . . . . . . Et voici ce que je dis à M. de Montbar : — Georges, depuis un mois vous avez passé trois nuits hors de l’hôtel ; ne cherchez pas à le nier… chacun de ces trois soirs vous m’avez quittée pour vous retirer chez vous, prétextant une légère indisposition… Une heure après, vous sortiez par la petite porte du jardin, et vous rentriez un peu avant le jour, en passant par l’orangerie et la chambre de Louis. Vous le voyez, je suis bien instruite ; je ne vous demande qu’une chose, Georges, — ajoutai-je en fondant en larmes, — c’est de vous entendre vous justifier… Je sais que les apparences les plus fâcheuses trompent souvent… Et