— « Aucun de ceux que Régina aime ou qu’elle a aimés, — me disais-je, — n’a fait pour elle ce que j’ai fait, moi ! et lorsque, dans la stupeur et l’épouvante où va la jeter mon attentat, elle sera là, brisée, suppliante, je lui dirai :
— « Voilà dix ans que je vous aime, entendez-vous ! et je l’ai prouvé quoique vous l’ignoriez… Sachez-le donc, à la fin !
» Vous aviez un culte pour le tombeau de votre mère… pendant dix ans, j’ai soigné religieusement ce tombeau.
» Vous alliez devenir la femme… la victime d’un homme indigne, j’ai démasqué cet homme.
» Vous alliez tomber dans un horrible guet-apens, je vous ai envoyé un libérateur.
» La réhabilitation de la mémoire de votre mère vous rendrait le cœur de votre père, vous remplirait l’âme de bonheur et d’orgueil ; cette réhabilitation est entre mes mains.
» Avez-vous quelques scrupules de tromper votre mari ? je mettrai votre conscience en repos, en vous prouvant que votre prince vous a quittée pour se plonger dans une fange immonde.
» Vous aimez votre amant. Qu’a-t-il fait ? il s’est battu pour vous ? Eh ! voilà dix ans, moi, que je lutte pour vous, que je lutte seul et du fond de mon obscurité ; si l’homme que j’ai démasqué pour vous sauver de lui, ne m’avait pas traversé le cou d’une balle et rendu aveugle pendant un an, vous n’auriez pas non plus épousé votre prince.