Le prince est parti pour sa terre de Montbar à quatre heures du matin ; hier il n’a pas dîné à l’hôtel, il s’en va donc sans avoir fait ses adieux à Régina.
Ce brusque départ, la veille de l’arrivée du capitaine Just ?…
Cela est étrange.
Je dis comme autrefois disait Basquine : Il est des fatalités étranges.
Aujourd’hui a eu lieu l’entrevue de Régina et du capitaine Just, après plusieurs mois d’absence.
Voici ce qui m’est arrivé ce matin :
Il faisait un temps magnifique, un temps d’été capable de mettre la joie aux cœurs les plus tristes ;… pourtant ce soleil m’a semble terne, ce ciel, d’un bleu si riant, m’a semblé gris… j’ai pressenti une journée cruelle à passer.
Je suis entré à sept heures du matin dans l’appartement de la princesse ; à ma grande surprise je l’ai trouvée dans son parloir, habillée, prête à sortir.
Jamais peut-être Régina ne m’a paru plus jolie ; sa fraîcheur rosée défiait l’éclatante lumière du soleil qui éclairait en plein ce visage radieux d’amour et d’espérance ! ce teint pur, transparent, uni comme une glace, où l’on ne voit pas le moindre pli, n’offrait pas la moindre tache, la gerçure la plus légère ; les rayons vermeils le pénétraient, le doraient et rendaient son éclat plus éblouissant encore.