compagne d’enfance… de Basquine, la pauvre fille du charron, de Basquine la saltimbanque, la vagabonde, la chanteuse des rues…
Partir de si bas, mon Dieu, et arriver si haut… Et cela seule, toute seule, la pauvre abandonnée… seule… Et le cœur flétri… corrompu… le cœur mort… qu’elle n’avait pas encore seize ans.
À cette réflexion ma joie s’est glacée malgré moi, mon cœur s’est serré. Hélas ! au milieu des enivrements de la gloire, au milieu de ces caresses royales, Basquine peut-être n’est pas heureuse… cette grâce, cet esprit, cette beauté, ce génie, cette renommée qui à cette heure retentit en Europe, ne devait être pour Basquine, disait-elle, — que des armes terribles pour accomplir sa vengeance à elle qui avait d’effrayantes représailles à exercer.
Si telle était toujours la secrète pensée de Basquine, la malheureuse enfant devait traîner une vie misérable, malgré l’éclat de ses triomphes. Hélas ! les pensées de vengeance… la vengeance, même satisfaite, ne laissent au cœur que tristesse et amertume…
Serait-il donc possible, mon Dieu, que la dégradation précoce où l’abandon et la misère ont jeté Basquine, ait fatalement flétri dans son germe une des existences les plus belles, les plus glorieuses qu’une femme puisse rêver ?
Du moins je sais où est Basquine ; je pourrai lui écrire.
À la suite de cette notice sur Basquine, on lisait dans le même journal :