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M’enfonçant dans le passage qui forme la cité Bergère, je marchai précipitamment, et suivant les rues les moins fréquentées de ce quartier, j’arrivai à de vastes terrains vagues, bornés d’un côté par les dernières maisons du faubourg, de l’autre par le mur d’enceinte de Paris.

Une fois là je respirai, j’étais libre…

Durant cette marche précipitée, j’avais encore mûri ma résolution.

Je me sentais calme.

En jetant les yeux autour de moi, j’aperçus, continuant les dernières maisons du faubourg, plusieurs excavations profondes, résultant de constructions interrompues sans doute par la saison d’hiver ; une clôture de planches à claire-voie entourait à-peu-près ces bâtisses. L’une d’elles s’élevait à peine au-dessus des fondations ; j’y remarquai une cave à demi-achevée, mais dont le cintre complet formait un renfoncement profond. La Providence me servait à souhait. J’attendis la nuit avec impatience ; le jour me faisait mal…

Je me promenai long-temps dans ces terrains déserts ; un sombre brouillard les couvrit bientôt d’une brume épaisse.

Plus j’y songeais, plus ma détermination me semblait sage, logique, plus je m’étonnais aussi du terrible vertige dont j’avais été saisi, et auquel la vue de Régina venait de m’arracher.

Enfin… la nuit vint…

Je fis facilement une trouée à la clôture de planches dont était entourée la construction inachevée. Je descendis dans les fondations et, au moyen d’un peu de