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— Allons chez le propriétaire signer le bail et payer trois mois d’avance, voilà deux cents francs.

Et le bandit me remit dix pièces d’or.

Le propriétaire nous attendait, le bail était prêt, le cul-de-jatte s’étant entendu avec le tapissier chargé de la vente des meubles, ce marchand avait donné avis de cet arrangement au propriétaire, je comptai les deux cents francs ; la double copie du bail devait être remise chez moi.

— Nous venons de faire une affaire d’or, — me dit mon compagnon, en sortant de la maison, — se procurer des marchandises, ça n’est rien, les vendre, les bien vendre sans soupçons, c’est là le hic ; tandis qu’il est tout naturel qu’un jeune homme établi, connu dans son quartier, se défasse aujourd’hui de bijoux ou d’argenterie, demain de linge, d’effets, en ayant surtout le soin de choisir ses acheteurs, comme tu les choisiras, aujourd’hui dans un quartier, demain dans un autre, en pouvant donner une adresse honorable où l’acheteur vient payer… ce qui ôte jusqu’à l’ombre de la défiance ; et puis, vois-tu ? ce ne sont encore là que les bagatelles de la porte… plus tard tu sauras tout le parti qu’on peut tirer de toi et de ton établissement dans ce quartier.

— Je n’en doute pas… maintenant où allons-nous ?…

— Au Mont-de-Piété, tu demanderas quatre cents francs sur la montre et sur la chaîne, on t’en donnera trois cents que tu prendras…

— Très-bien, allons.

— Prends la montre.

— Tout-à-l’heure.