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frapper le cul-de-jatte, que pour l’intimider en cas de menaces ou de résistance de sa part.

J’étais encore baissé vers l’amas d’armes que je venais de bruyamment déranger, pour y choisir la masse de fer, lorsque une main s’appuya sur mon épaule ; je tressaillis si vivement… (faisant presque face à la porte, j’étais bien certain qu’on ne l’avait pas ouverte) qu’en me retournant, la masse de fer me tomba des mains…

Je vis le cul-de-jatte debout derrière moi. Il venait d’entrer, non par la porte donnant sur le corridor, mais par un placard pratiqué dans une cloison, dont je ne soupçonnais pas l’existence ; la demeure du bandit avait deux issues. Ainsi échouait mon projet de fuite de vive force à la faveur de la porte entr’ouverte.

— À la bonne heure, — me dit le cul-de-jatte, en faisant allusion à mes habits, — te voilà mis comme un seigneur.

Après un moment de silence, je répondis :

— Vous ne voulez pas me rendre les vêtements que je portais ?

— Tu te plains peut-être de l’échange ?

— Oui… car ces vêtements sont volés sans doute, comme tous les objets qui sont dans cette chambre.

— As-tu déjeûné ? — dit le bandit en regardant sur la chaise ; — non ? allons, mange un morceau, nous causerons. Je t’ai fait du feu, je t’ai préparé ton déjeûner. Bamboche ne t’aurait pas mieux traité.

— Une dernière fois, je vous demande de me rendre mes habits et de me laisser sortir d’ici… de bon gré…

Au lieu de me répondre, le cul-de-jatte se baissa, ramassa le billet, le lut, le déchira et me dit :