d’un tel feu, que ma maîtresse aurait dû sentir leur ardeur à travers la soie et le satin qui la chaussaient.
Heureusement elle ne s’aperçut de rien… et tandis que, éperdu, j’étais agenouillé à ses pieds, elle causait à voix basse avec Mme Wilson, quelques petits rires contenus interrompaient seuls le léger bruissement de leur causerie.
Ma tâche accomplie, je me relevai presque étourdi, sentant mes genoux vaciller ; la princesse, sans me regarder, me dit en se dirigeant vers le vestibule servant de premier antichambre ;
— Martin… vous m’attendrez ?…
— Oui, Madame la princesse… — répondis-je, en balbutiant.
Les valets-de-pied de la maison se levèrent respectueusement sur le passage de la princesse ; deux d’entr’eux allèrent ouvrir à deux battants la porte du perron.
À travers les vitres et à la clarté des grandes lanternes de cuivre de la voiture, je vis les deux jeunes femmes monter dans une élégante berline, que deux magnifiques chevaux gris, aux brillants harnais, entraînèrent rapidement.
Frémissant encore de l’âcre et terrible volupté que je venais de goûter, je regardais cette voiture s’éloigner, plongé dans une sorte d’extase, lorsque je fus rappelé à la réalité de ma condition par la grosse voix de l’un des valets-de-pied de l’hôtel, qui, refermant bruyamment la porte du vestibule, après le départ de notre maîtresse, s’écria brutalement :
— Emballée !!…