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Parmi ces deux bouquets sans noms que je remportai, j’en remarquai un de magnifique lilas blanc et de violettes de Parme.

En gravissant lentement l’escalier, je contemplais avec une mélancolie amère ce frais et mystérieux bouquet de fête qui exhalait un doux parfum, car, par un étrange contraste, je me rappelais ces pauvres bouquets de perce-neige blancs et violets, mystérieux aussi, que, pendant tant d’années, j’avais, à chaque funèbre anniversaire, déposés sur la tombe de la mère de Régina, sans que la jeune fille eût jamais connu la source de cette pieuse offrande… À ces souvenirs, une larme me vint aux yeux. Ces humbles et tristes fleurs dont mon dévoûment ignoré ornait autrefois un tombeau, n’étaient que trop l’emblème de mon humble et triste amour.

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En remontant dans l’appartement de la princesse, j’y trouvai sa femme de chambre. Elle se chargea des fleurs et des bouquets, et j’allai attendre dans la salle à manger l’heure de servir à table.

Presque aussitôt la porte s’ouvrit à deux battants ; le prince entra avec sa femme ; sur un signe du maître d’hôtel, j’allai me placer derrière la princesse.

Pour la première fois, je voyais M. de Montbar et sa femme réunis ; quoique leur entretien dût être nécessairement contenu par la présence de leurs gens, je redoublai d’attention afin de tâcher de pénétrer dans quels rapports ils se trouvaient ; j’avais acquis, en l’exerçant, une telle faculté d’observation, qu’il me fallait peu de chose pour me mettre sur la voie de ce que je désirais connaître.