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viendrait pour moi une lettre de Mme Wilson, on me la monte à l’instant.

— Oui, Madame la princesse…

— Et Mme Lallemand ?

— Je l’ai vue, Madame la princesse, elle demeure au troisième étage de la maison dont Madame m’a donné l’adresse…

— Vous l’avez prévenue que j’irais la voir demain matin ?

— Oui, Madame la princesse.

— Il y a là bien de la misère sans doute ?… — me demanda tristement Régina.

— Oui, Madame… une bien cruelle misère.

— Et cette femme, j’en suis certain, est intéressante ?

— Je crois qu’elle mérite toutes les bontés de Madame la princesse.

— Allons, tant mieux ; car…

Puis, s’interrompant, la princesse me dit en regardant la petite table placée à côté de son fauteuil :

— Quelqu’un est donc entré ici pendant mon absence ?

— Je l’ignore, Madame la princesse, — répondis-je avec un embarras stupide, car je ne doutais pas de la cause de l’étonnement de la princesse, et je tremblais d’être soupçonnée.

— C’est singulier… — dit Mme de Montbar, et se retournant elle me regarda fixement.

Je m’abusais sans doute, mais il me sembla lire sur sa physionomie une expression d’étonnement et de défiance. Je me troublai tellement que, malgré moi,