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— Ah ! il n’y a pas long-temps que vous connaissez Mlle Juliette ?

— Mon Dieu non, notre amitié date de l’amitié de nos deux maîtresses… Madame m’a envoyée plusieurs fois chez la princesse, c’est comme cela que j’ai fait connaissance avec Juliette.

— Je croyais Mme Wilson l’amie intime de ma maîtresse ?

— Certainement, mais on peut être intime sans se connaître pour cela depuis long-temps… Aussi… tenez, entre nous, ce n’est pas pour vanter ma maîtresse… mais sans elle… la princesse…

— La princesse ?…

— Ma foi, écoutez donc, du train où elle allait, elle serait peut-être à cette heure morte de chagrin.

— Vraiment, — m’écriai-je, puis j’ajoutai : — vous concevez, Mademoiselle, mon étonnement… étant tout nouveau dans la maison… et n’ayant pas remarqué que Madame… fût triste…

— À cette heure, elle n’est plus triste, certainement, mais il y a deux mois c’était à fendre le cœur ; heureusement la princesse a fait connaissance avec Madame, et alors tout a changé.

— Votre maîtresse fait des miracles, il me semble…

— Je crois bien, elle est si vive, elle aime tant le plaisir pour elle et pour les autres, elle a tant d’esprit, elle est si gaie, qu’il n’y a pas de mélancolie qui tienne avec elle. Aussi, elle vous a joliment arrangé la tristesse de la princesse. Elles sont maintenant toujours en fêtes, en plaisirs. Tenez, aujourd’hui encore, je crois qu’elles vont ensemble aux Italiens et de là au bal…