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— Je tâcherai de mériter les bontés de Madame la princesse, — lui dis-je en m’inclinant.

Régina, sa lettre écrite, quitta son bureau et alla s’asseoir dans une bergère au coin de sa cheminée ; s’accoudant alors sur le bras de ce meuble, et voulant sans doute juger de ma physionomie, elle attacha pendant un instant sur moi un regard pénétrant, quoique un peu embarrassé ; ses grands yeux noirs et humides ayant ainsi rencontré les miens, je les baissai aussitôt, et malgré moi mon visage se couvrit d’une vive rougeur.

Je frémissais à la pensée que la princesse allait peut-être remarquer cette maladroite rougeur ; heureusement il n’en fut rien, je pense, car elle reprit bientôt :

— Je dois vous dire d’abord à quelles conditions vous servirez ici ; vous aurez mille francs de gages, cela vous convient-il ?

— Oui, Madame la princesse.

— Vous serez habillé et vous mangerez à l’office, bien entendu ; d’ailleurs, si, comme je l’espère, votre service me satisfait, vos gages seront augmentés l’an prochain.

— Je ferai mon possible pour contenter Madame la princesse…

— Cela vous sera facile… Je ne vous demande que du zèle et de l’exactitude dans votre service, — me dit la princesse avec bonté.

— Je crains seulement de n’être pas tout de suite bien au fait du service de Madame la princesse.

— Mon service est très-simple, voici en quoi il consiste : vous aurez soin de ce parloir et des deux salons