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qu’il portait vivement son autre main sur son cœur, comme s’il y eût éprouvé une souffrance aiguë.

— Ce n’est rien — te dis-je — reprit-il, d’une voix de plus en plus oppressée, — les émotions violentes… me sont contraires ;… et… ce vol… ce meurtre… tu conçois,… mais, — ajouta-t-il, en paraissant faire un violent effort sur lui-même : — J’aurai toujours le temps… de te panser… Heureusement, voilà… Suzon.

En effet, Suzon rentrait, accompagnée de deux hommes, le portier de la maison voisine et son fils.

— Suzon… vite… ma boîte à pansement — s’écria mon maître — je ne me sens pas bien, mais j’aurai le temps de mettre un premier appareil… sur la blessure de ce digne garçon.

Et, surmontant ses douleurs atroces avec un courage héroïque, mon maître, quoiqu’il fût obligé de s’y reprendre à trois fois, pansa ma blessure d’une main ferme ; mais à peine m’eut-il donné ses soins, qu’il fut saisi d’une crise si violente que l’on fut obligé de le transporter chez lui.

Lorsqu’il fut couché, il me dit d’une voix éteinte, car j’avais voulu l’accompagner :

— Écris à mon fils de venir… au reçu de ta lettre… Suzon te donnera son adresse. Je veux le voir encore… mon bien aimé Just…

— Comment ?… Monsieur — m’écriai-je, effrayé de l’accent avec lequel mon maître avait prononcé ces derniers mots. — Vous craignez…

Il m’interrompit, en souriant tristement :