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lemment dans ma chambre, puis je sentis la pointe d’un couteau sur ma poitrine nue, et une voix me dit :

— Si tu bouges, tu es mort !!

— Bamboche !… — m’écriai-je en reconnaissant la voix de mon compagnon d’enfance et en distinguant vaguement ses traits aux pâles reflets du réverbère qui pénétraient par la fenêtre ouverte.

— Martin ! — s’écria Bamboche en reculant d’un pas ; — il y avait… quelqu’un dans ce lit… c’était toi !…

— D’où viens-tu ? qu’as-tu fait ? — lui dis-je tout bas avec épouvante.

— Toi ici !… Tu te portes bien ?… c’est bon… ah ! je suis content, — dit Bamboche, et sa voix s’émut.

— Tu viens de voler mon maître !

— Eh bien ! oui… — reprit il résolument. — Après ?

— Mon maître ! — m’écriai-je par une réflexion pleine de terreur, en voulant franchir la porte, — tu l’as tué peut-être !

— Non ; il n’a rien entendu, — me dit Bamboche en s’opposant à ma sortie ; — je n’ai vu personne… je te le jure… par notre amitié.

Je le crus… son accent était vrai.

— Toi… voler ! — lui dis-je avec indignation.

— Ce n’est pas toi… que j’ai volé…

— Mon bienfaiteur…

— Tant pis… il lui en reste assez… je n’ai pris qu’une poignée de billets de banque…

— Mais voler, c’est infâme !

— Allons donc !

— Voler… c’est lâche ! et tu as du cœur, toi !…