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dépassaient la tranche de ces volumes maculés, brisés, usés par un fréquent usage, disaient assez les longues et continuelles études du docteur Clément. Cette bibliothèque, sans doute insuffisante, refluait en piles ; de gros in-folios étaient çà et là rangés sur le plancher. Une autre partie du cabinet était consacrée à des collections géologiques et minéralogiques, ainsi qu’à des herbiers, classés avec le plus grand soin. Dans un coin je remarquai encore un fourneau de chimiste avec ses accessoires obligés d’alambics, de cornues et de fioles rangées sur des tablettes. Enfin, faisant face à la table immense surchargée de livres, d’instruments de toutes sortes, de papiers, de cartons, au milieu desquels le docteur Clément, toujours occupé d’écrire, était comme enfoui. Deux portraits attirèrent mon attention ; le premier représentait le buste d’une jeune femme d’une admirable beauté ; elle était coiffée en cheveux, une gaze blanche cachait à demi ses épaules et son sein.

Le second portrait était celui d’un très-jeune homme d’une mâle et belle figure, au regard doux et fier ; il portait l’uniforme de l’École polytechnique, et ses traits offraient une certaine ressemblance avec le portrait de la jeune femme qui avait d’abord attiré mon attention.

Sans doute le docteur Clément m’observait en silence depuis quelques moments, car il me dit avec une expression d’orgueilleuse satisfaction :

— C’est, n’est-ce pas, une charmante figure que celle de ce jeune homme ?

— Oh ! oui, Monsieur, — lui dis-je, en me retournant vers lui.

— C’est mon fils, — me dit mon maître, dont la phy-