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liste. À six heures on prend le café, à midi on déjeune, à sept heures on dîne avec Monsieur.

— Avec Monsieur le docteur ! — m’écriai-je, — à sa table ?

— Certainement, à moins que Monsieur n’ait des visites imprévues. Il est onze heures, à midi je frapperai à cette cloison, ce sera l’heure du repas, car pour ce qui est du déjeûner… Monsieur déjeûne seul.

Et sans me donner le temps de répondre un mot, Suzon me quitta.

Très-étonné de cette singulière et patriarcale habitude de mon nouveau maître qui faisait manger ses domestiques à sa table, je jetai un regard curieux sur ma nouvelle demeure. Rien de plus triste et pour ainsi dire de plus claustral que l’aspect de cette silencieuse maison ; mais j’avais vu de si près la terrible misère, ou bien j’avais été placé dans des conditions si cruellement antipathiques à mon caractère, que, songeant à tout ce que je découvrais à chaque instant de généreux et de vénérable dans le caractère de mon nouveau maître, ce fut avec un sentiment de bonheur et de quiétude inexprimable, que je pris possession de ma chambre.

Un bon lit, quelques chaises, une grande armoire, une commode et un bureau, tel était mon ameublement, très-simple, mais très-propre ; en tirant un des tiroirs du bureau pour y déposer mon précieux portefeuille qui ne m’avait jamais quitté, je trouvai au fond de ce tiroir quelques papiers froissés ou à demi déchirés, laissés sans doute par mon prédécesseur. En ôtant ces débris pour les jeter dans la cheminée, ma vue s’arrêta machinalement sur un fragment de papier où était tracé un