résignation avec laquelle je supportais d’horribles douleurs, et de la manière simple, digne, réservée, avec laquelle j’avais subi plusieurs interrogatoires d’un juge d’instruction, au sujet du tragique événement dont j’étais l’une des victimes ; mon langage, la manière dont je remerciai le docteur Clément de ses soins, augmentèrent encore la bienveillance qu’il me portait.
Depuis quelque temps le docteur m’avait soumis à un nouveau traitement, dont il espérait beaucoup de succès. Le jour vint où l’on devait lever un certain appareil qui recouvrait mes yeux ; le docteur convia à cette opération, sans doute curieuse, l’un de ses confrères. Il lui fit l’historique de ma maladie, pendant les préparatifs dont s’occupaient sans doute les aides.
— Et depuis combien de temps est-il dans cet état ? — demanda le confrère du docteur Clément.
— Depuis un an, — répondit-il ; puis il ajouta plus bas à son ami : — Eh ! mon Dieu… tenez, ce pauvre garçon est entré ici juste la veille du jour où je vous ai demandé de venir en consultation avec moi auprès de Mlle de Noirlieu ; car, je l’avoue… je ne pouvais et je ne puis me rendre compte des étranges symptômes nerveux qui s’étaient tout-à-coup manifestés chez elle.
— Je crois que nous ne nous trompions pas, — reprit l’ami du docteur, — en attribuant ces singuliers symptômes à quelque émotion violente et soudaine ;… pourtant, notre chère malade niait opiniâtrement avoir éprouvé le moindre saisissement. À propos, comment va-t-elle ?
— Moins bien qu’avant son mariage, — reprit le docteur Clément, — aussi je la veille avec une grande sollicitude… c’est une femme si rare… quel cœur ! quelle