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Au moment où ma tête rebondit sur le sol, j’entendis une seconde détonation… et je perdis connaissance.

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Quant aux événements qui avaient précédé le faux mariage du comte et de Mlle de Noirlieu, on les devine facilement ; Robert de Mareuil était parvenu à correspondre avec Régina, et, à force d’instances menteuses, de passion feinte, il avait su l’amener à l’imprudente démarche si heureusement déjouée par Bamboche.

Quoique toujours inconnu et invisible à Régina, je fus le seul intermédiaire de cette correspondance entre elle et mon maître, pour qui mon zèle ne parut pas se démentir. Il y avait, je le sais, et je me le reproche quelquefois, une sorte de trahison dans ma conduite envers Robert de Mareuil. Mon but était louable, car il s’agissait de faire échouer l’odieuse machination de cet homme et de le démasquer ; mais la voie était tortueuse, perfide. Pourtant, effrayé du danger que courait Mlle de Noirlieu, je n’hésitai pas à tenter de la sauver par le seul moyen qui fût à ma portée, et puis, en obligeant M. de Mareuil à choisir un autre agent que moi, la réputation, l’honneur de Mlle de Noirlieu pouvaient être compromis par des indiscrétions dont j’étais incapable ; du reste, Bamboche, qui avait trouvé moyen d’entrer assez avant dans la confiance de Robert, par l’intermédiaire de la Levrasse, m’épargna la répugnante combinaison du mariage simulé ; l’idée appartenait au comte, l’exécution à Bamboche.

J’ai su plus tard la cause de la rupture de Balthazar et de Robert de Mareuil.