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couru le plus grand danger ; mais, rudement contenu par la main puissante de Bamboche, M. de Mareuil, malgré ses efforts, ne put qu’exhaler en imprécations et en menaces sa rage impuissante.

— Oh… tu seras déshonorée… toujours !… — murmurait-il, contenu par Bamboche, qui lui dit avec un sang-froid moqueur :

— Allons donc, mon cher comte, pas de ces infâmes illusions-là… mes précautions sont parfaitement prises… Mademoiselle… sous la conduite d’un guide sûr et dévoué, va rentrer chez son père… personne ne se sera aperçu de la courte absence qu’elle aura faite… moi et Basquine nous garderons le secret, c’est tout simple. Ces deux gredins, nos honorables amis, resteront muets sur la chose… et pour cause. Quant à vous, mon gentilhomme, si vous avez le temps de parler avant de prendre la fuite ou d’être arrêté… vous voudrez en vain diffamer Mademoiselle, on ne vous croira pas…

— Prendre la fuite, lui ! — s’écria la Levrasse exaspéré, — il faudra bien que je me venge sur quelqu’un, ce sera sur lui… il ira aux galères… et…

Plusieurs coups violemment frappés du dehors aux volets de la chambre où se passait la scène que je raconte, interrompirent la Levrasse ; au même instant on entendit ces mots prononcés d’une voix forte :

— Au nom de la loi… ouvrez…

À ces mots redoutables tous les personnages dont je parle restèrent interdits, effrayés.