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instant ont voulu vous entraîner avec eux… Je n’ai oublié, Mademoiselle, ni notre cruelle conduite, ni l’intérêt que vous nous avez témoigné, et aujourd’hui je m’acquitte… Le bonheur a voulu que je devienne un franc gredin ; je dis le bonheur, parce que si j’avais tourné à l’honnête, je ne me serais certainement pas trouvé en relations d’affaires et d’amitié avec M. le comte de Mareuil que voilà…

Robert ne répondit rien… il méditait sans doute le moyen de sortir de cette position désespérée.

— Si M. le comte de Mareuil n’était que criblé de dettes, contractées pour subvenir aux passions les plus bêtes et les plus dégradantes, ce ne serait peut-être rien ; son amour ou au moins sa reconnaissance pour vous, Mademoiselle, auraient pu opérer sa conversion… Mais, loin de là… non seulement il vous ment, il vous trompe, il vous trahit d’une manière infâme… mais… encore…

Et comme le comte, exaspéré, allait de nouveau s’élancer sur Bamboche, celui-ci dit d’une voix impérieuse à la Levrasse et au cul-de-jatte :

— Contenez Monsieur dans une position décente… ou sinon… puisque je suis en train, demain j’irai causer ailleurs de choses qui vous concernent.

À ces mots, la Levrasse, le cul-de-jatte et Robert de Mareuil échangèrent un regard rapide et farouche qui me fit bondir de la place où je me trouvais, prêt à courir au secours de Bamboche ; j’étais armé et préparé à tout ; mais mon ami d’enfance reprit avec une dédaigneuse audace :