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— Les misérables ! les bélitres ! les ânes ! — s’écria le poète. — Elle est sublime… elle, sur ce théâtre… c’est une perle… au fond d’une huître…

— Eh bien ! Monsieur… je vous l’ai dit. J’ai connu Basquine toute petite… Hier soir, j’ai trouvé moyen de la revoir… après son malheur ; un de nos compagnons d’enfance et moi, nous sommes restés près d’elle cette nuit… tout son avenir est perdu après un tel scandale, car, pour comble de malheur, la pauvre fille comptait sur un engagement pour la province, qui devait se décider hier soir… le directeur assistait à la représentation ; mais, après un tel événement… vous concevez… et pourtant, Monsieur, si vous vouliez…

— Que puis-je faire à cela ?

— Vous n’êtes pas sans connaître des journalistes… on dit que si les journaux disaient du bien de Basquine…

Le poète m’interrompit.

— Je ne devrais pas m’intéresser à Basquine, non à cause de son talent, je l’admire ; de son caractère… je ne le connais pas, mais parce que, sans le vouloir… elle a…

Mais le poète n’acheva pas et reprit :

— Il n’importe, la justice avant tout… j’écrirai à Duparc le journaliste, le tout-puissant Duparc ; justement il est fanatique de Basquine… il va l’entreprendre… c’est une révélation à faire, une nouvelle étoile à signaler au monde ! — s’écria Balthazar, en s’animant malgré lui, — sois tranquille, Martin, je ferai mieux que d’écrire à Duparc, tout-à-l’heure avant mon départ j’irai le voir, et, de plus, je me charge d’illustrer