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jour étaient autant d’obstacles à la voie que je voulais suivre ;… aussi un soir…

— Quand après mon travail je rentrai chez nous, — reprit Bamboche en interrompant Basquine, — elle avait disparu… Depuis ce jour… je ne l’ai revue… qu’aujourd’hui…

— Et depuis ce temps-là… qu’es-tu devenu ?… — lui demanda Basquine avec un touchant intérêt, — dis-le nous, car pour moi, tu seras toujours mon frère comme Martin… dans quelque position que nous nous trouvions jamais tous trois, nous serons, oh… j’en suis sûre… j’en atteste notre émotion de tout-à-l’heure et l’inaltérable souvenir que nous avons conservé les uns des autres… nous serons fidèles aux serments de notre enfance.

— Oh oui !… toujours !… — m’écriai-je, ainsi que Bamboche.

Et nous prîmes chacun une des mains de Basquine.

Après un moment de silence, je dis à Bamboche :

— Reprends ton récit. Après la disparition de Basquine, qu’es-tu devenu ?

— J’ai d’abord cru que j’allais devenir fou, tant son départ m’exaspéra… Je l’aimais, vois-tu, Martin, comme je n’ai jamais aimé ni n’aimerai jamais… La preuve… c’est que pour elle… je m’étais senti des délicatesses qui me vont… comme des souliers de satin à un bœuf… car au lieu de travailler comme un enragé, pour faire aller notre petit ménage… quand j’ai eu rencontré Basquine, j’aurais pu retourner chez ma