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ta bonne fée ; jeune fille tourmentée est à moitié enlevée… or, tu te proposes d’enlever Régina, bien certain que, pour mille raisons, son père ne te la donnerait pas… en mariage. Cette visée d’enlèvement n’est pas déraisonnable, tu as le serment de la plus chevaleresque des filles ; seulement elle ne t’a pas encore dit : venez… mais, c’est égal, tu viens tout de même pour prévenir ses vœux, c’est ainsi que tu arrives à Paris afin de faire le siège en règle de Régina et de ses millions… Voilà où nous en étions ce matin à midi. Ce soir, incident nouveau complétant l’avant-scène : tu apprends, de source à-peu-près certaine, que tu as deux compétiteurs à la main de Régina : l’un, accepté par le baron, est M. le comte Duriveau, un veuf,… un vilain enrichi et décrassé… L’autre prétendant,… agréé, dit-on, par Régina, qui aurait dans ce cas oublié son serment à ton endroit… l’autre prétendant est le prince de Montbar, jeune homme de vingt-cinq ans, beau comme l’Antinoüs, noble comme un Montmorency, distingué, spirituel et suffisamment riche ; je n’ai rien oublié, je crois, de ce que je sais du moins.

— Rien, — dit Robert de Mareuil.

— Quant à ce que j’ignore, — reprit Balthazar, — vois… si tu trouves à propos de m’instruire… à cette heure.

Après un moment de silence, Robert de Mareuil reprit d’une voix un peu embarrassée :

— Ce matin… je t’ai dit que j’arrivais de Bretagne… du château du marquis de Keroüard… chez qui j’avais été chercher un asile contre mes créanciers…

— Eh bien ?