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veux pas, moi, que tu te brûles la cervelle… Je veux au contraire, que tu épouses Mlle Régina de Noirlieu… qui est au moins trois fois millionnaire… et tu l’épouseras… Les obstacles, nous les vaincrons ; pour cela je me mets tout à ton service… Et comme ce que je possède de plus clair en bien-fonds est… mon imagination… je mets surtout à ton service mon imagination et ma longue expérience de l’intrigue… dramatique, car j’ai là onze drames ou comédies entièrement vierges… Maintenant, si tu m’en crois, nous commencerons par bien résumer ta position, celle de Régina… et le caractère des gens qui doivent prendre part à l’action… Débrouillons d’abord tout ça… absolument comme s’il s’agissait d’un drame à composer. Ceci nettement établi, nous aviserons. Figure-toi enfin que je suis ton collaborateur et que c’est le plan d’une haute comédie… peut-être même d’un drame, que nous allons tracer… Voyons… d’abord le nom des acteurs… en fait de femme, nous avons Régina de Noirlieu… Jusqu’à présent… c’est tout.

— C’est tout, — répondit Robert.

— Bon… Maintenant les hommes : toi d’abord : Robert de Mareuil, le baron de Noirlieu, père de Régina, le comte Duriveau… et…

— Et le prince de Montbar, — s’écria Robert avec amertume, — c’était sans doute de ce maudit prince que Martin voulait parler… car le prince est très-jeune, très-beau, et il vient souvent chez le baron.

Ces mots de Robert de Mareuil justifièrent mes soupçons ; je n’en pouvais presque plus douter : l’inconnu du cabaret des Trois-Tonneaux se nommait le prince de Montbar.