Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/161

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Évidemment cette muraille avait été primitivement percée par le tuyau d’un poêle (destiné sans doute à chauffer alors la pièce ou j’allais coucher) qui allait se perdre en formant un coude à travers la cheminée de la chambre voisine.

Dans cette chambre, occupée par mes maîtres, le papier de la tenture cachait ces vestiges ; mais dans la pièce où je couchais l’on n’avait pas pris soin de les dissimuler…

Il me vint alors une pensée blâmable en soi, je l’avoue, mais qu’autorisaient peut-être les craintes croissantes que m’inspiraient les étranges relations de Robert de Mareuil, et ce que j’avais pu pénétrer de ses desseins sur Régina…

En laissant, du côté de la chambre voisine, le papier de tenture qui cachait l’ancien passage du tuyau, mais en retirant de mon côté les matériaux qui l’obstruaient, je pouvais ne perdre aucune parole de mes maîtres, lors même qu’ils eussent parlé à voix très-basse… Pour masquer l’ouverture de cette espèce de conduit acoustique, je prenais derrière le buffet un morceau de tenture, et je l’ajustais soigneusement à la place du replâtrage apparent dans ma chambre.

J’hésitai avant de me décider à commettre cet abus de confiance, je m’interrogeai sévèrement, me demandant à quel mobile j’obéissais ?

Quel but je me proposais ?

Et enfin, si une nécessité absolue m’autorisait à agir ainsi ?