— Non, je n’ai pas d’occupation à te donner.
Voyant l’inutilité de mes démarches pour trouver un travail honorable, mes dernières ressources, composées de sept sous, devant être épuisées le lendemain, je me résolus de suivre les conseils du maître du garni de la barrière de la Chopinette.
En suivant les indications que l’on me donna, j’arrivai au port Saint-Nicolas. Je vis là un assez grand nombre d’hommes, vêtus peut-être encore plus pauvrement que moi. Ils travaillaient à la décharge de quelques grandes barques, tandis que d’autres, malgré le froid cuisant de l’hiver, plongés dans l’eau jusqu’à la ceinture, démolissaient des trains de bois, ou déchiraient de vieux bateaux hors de service.
Parmi ces travailleurs occupés, je tâchais d’en distinguer quelqu’un dont la physionomie m’eût inspiré assez de confiance pour m’ouvrir à lui. Malheureusement toutes ces physionomies me semblèrent dures, soucieuses ou brutales. Cependant, remarquant un jeune homme de mon âge, qui, à l’aide d’une corde, traînait péniblement une grosse pièce de bois à laquelle il était attelé, je m’approchai et lui dis :
— Voulez-vous que je vous aide ?
Ce jeune homme prit mon offre pour une raillerie, et y répondit par des injures.
― Je parle sérieusement, ― lui dis-je, ― je suis nouveau venu à Paris et sans ouvrage. Si vous voulez, je vous aiderai dans votre travail… vous me donnerez ce que vous voudrez.
― Tu n’es pas de Paris ? et tu viens gruger dans notre port ! et, en hiver encore… quand l’ouvrage va si peu