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nom ; mais je ne pus me rappeler dans quelle circonstance, et à quelle personne il appartenait.

— Il n’en sera pas de cette lettre comme de celle du baron ; — me dit Robert de Mareuil, — tu la remettras à M. Bonin, lui-même, il ne sort guères de sa boutique… et il te donnera une réponse.

— Bien, Monsieur…

— Allons, va… et reviens vite…

— Et tu diras, en revenant, au petit traiteur de la rue Saint-Nicolas d’apporter à dîner… pour deux, — me dit majestueusement Balthazar, — car nous te nourrissons, Martin, nous te logeons… et nous l’habillerons quand tes vêtements, encore excellents, seront usés ;… tu coucheras dans l’antichambre ; le buffet te servira de commode ; je te prêterai ma peau d’ours de Sibérie, en attendant que je t’aie organisé un lit convenable, tu dormiras là comme un roi.

— Oh ! je ne suis pas difficile. Monsieur, — lui dis-je. — En rentrant, je prendrai à mon garni le peu d’effets que je possède ; je me trouverai bien partout où vous me mettrez.

— Allons, dépêche-toi… — me dit Robert de Mareuil, — tu attendrais M. Bonin, dans le cas où il ne serait pas rentré.

— Bien, monsieur. — Et je sortis. J’arrivai passage Bourg-l’Abbé, passage triste, sombre s’il en est ; au moment où j’y entrais, je fus assez violemment heurté par un tout jeune homme qui venait de s’élancer d’un élégant cabriolet, pendant que le groom se tenait à la tête d’un beau cheval impatient et fougueux. Après m’avoir adressé une légère excuse, ce jeune homme ou