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— S’il vient à pied, tu attendras qu’il sorte et tu le suivras…

— Où cela, Monsieur ?

— Partout où il ira… il faudra bien qu’il couche quelque part.

— Ah ça ! c’est vrai, — dis-je d’un air fin et triomphant, — et comme on ne couche que chez soi… je saurai bien où il demeure.

On ne couche que chez soi ! — s’écria Balthazar épanoui. — Martin, pour rémunérer ta chaste croyance, je porte tes gages à soixante mille livres tournois ; mais tu me fourniras de chaussettes, de socques articulés, de bretelles, de sous pour passer le pont des Arts, et tu m’offriras cinq melons dans la primeur…

— Vous êtes bien bon, Monsieur, — dis-je au poète ; puis, m’adressant au comte : Une fois que je saurai où demeure ce monsieur, je ne saurai pas son nom pour cela ?

— Tu entreras chez le portier, tu lui dépeindras l’homme qui est rentré le soir, et tu demanderas son nom… je te trouverai un prétexte.

— Ah ! Monsieur… comme vous êtes donc malicieux ! — m’écriai-je avec admiration.

— Maintenant, autre chose, — me dit Robert de Mareuil en me remettant une lettre probablement écrite pendant mon absence. — Tu vas porter ceci passage Bourg-l’Abbé, chez le nommé Bonin, marchand de jouets d’enfants.

À ce nom de Bonin de vagues souvenirs me revinrent à l’esprit ; il me semblait avoir déjà entendu prononcer ce