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sincèrement, loyalement et sans injuste parti-pris la conduite de ce jeune homme ; tâcher aussi de savoir quelles pouvaient être les vues du comte Duriveau, et user de tous les moyens que le hasard ou les circonstances pouvaient me suggérer, afin de retrouver les traces de l’inconnu du cabaret des Trois-Tonneaux. Pour arriver à ces fins, je me promis dans mon prochain entretien avec Robert Mareuil, de raconter, de cacher, ou même de dénaturer au besoin les divers incidents dont je venais d’être témoin dans la demeure du baron de Noirlieu.

Je pris cette résolution sans hésitation, sans remords… Robert de Mareuil avait voulu faire de moi l’instrument aveugle de je ne sais quels desseins, en m’engageait à observer et à lui rapporter ce qui se passerait chez le baron en ma présence. Cette incitation à une basse manœuvre, que j’eusse repoussée, s’il n’eût pas été question de Régina, me donnait le droit d’agir sans scrupule envers Robert de Mareuil.

Et puis, enfin, mes intentions étaient pures, droites, loyales… sans la moindre jalousie, sans la moindre arrière-pensée d’intérêt personnel, plus que jamais, je renonçais au stupide et fol espoir, non-seulement d’être remarqué de Régina, mais d’être même connu d’elle ; aussi, je l’avoue, je trouvais une sorte de charme mélancolique à cette pensée de poursuivre toujours, invisible, ignoré, ces preuves de dévoûment, de respect et d’adoration envers Mlle de Noirlieu, qui dataient des funérailles de sa mère.

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