partir, je me ravisai, et m’adressant naïvement à Balthazar :
— Monsieur, où faudra-t-il m’adresser pour la truelle d’argent ?
— Hein ? — fit le poète en ouvrant des yeux énormes.
— Oui, Monsieur, pour la truelle d’argent que je dois acheter ?
— Tu dois acheter une truelle d’argent ? — me répondit le poète en me regardant.
— Et une augette d’ébène, Monsieur.
— Une augette d’ébène ?…
Et le poète n’en revenait pas.
— Eh ! sans doute ! — reprit Robert en partant d’un grand éclat de rire, — pour la pose…
— Quelle pose ? — demanda le poète de plus en plus ébahi en se retournant vers son ami :
— La pose de la première pierre…
— De la première pierre ?
— De ton palais… tête sans cervelle.
— De mon palais ?
— De ta capitale… dans la capitale… de ton quartier de la nouvelle Europe… À quoi diable penses-tu, Balthazar ?
— Eh ! parbleu !… tu ne peux pas me dire cela tout de suite ? — s’écria le poète. — Vous êtes là tous les deux à égrener les mots un à un comme un chapelet… Certainement il faut que Martin m’achète une truelle et l’augette consacrées !