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CHAPITRE VIII.


les chevelures.


Je n’oublierai jamais le singulier et triste spectacle auquel j’assistai dans le bourg de Folleville, où nous nous arrêtâmes pour acheter des chevelures et pour faire panser ma blessure. La fracture était simple, dit le chirurgien ; le premier appareil avait été assez habilement posé par la mère Major, ma guérison devait marcher rapidement.

La population du bourg étant nombreuse, et ayant été affriandée par le premier passage de l’homme-poisson, la Levrasse consentit à donner ce qu’il appelait une petite représentation ; elle se composa de l’exhibition du phénomène, précédée de quelques tours de force, exécutés par la mère Major et par Bamboche. Pour s’épargner les embarras de monter notre théâtre de toile, la Levrasse décida que la représentation aurait lieu dans une grange, et que la mère Major veillerait à la recette, pendant qu’il irait récolter les chevelures.

Ma blessure m’empêchait de paraître et d’assister aux exercices. Le chirurgien m’avait pansé dans une salle