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mande seulement le temps d’aller quérir un commissionnaire pour emporter les meubles de défunt mon père, mes volumes de prix et mes couronnes.

» — Vous avez donc arrêté un logement ?

» — Non, Monsieur.

» — Et ce mobilier… ces livres… où allez-vous les faire porter ?

» — Je ne sais pas.

» — Vous m’intéressez vraiment beaucoup, — me dit le successeur de M. Raymond, — et quoique je me sois fait une loi de ne conseiller jamais personne, c’est une trop grave responsabilité. Voici ce que je vous propose : vos livres de prix et vos couronnes seraient, comme témoignage et souvenir honorable de vos succès, parfaitement placés dans la bibliothèque de la pension ; cédez-les moi. Je m’arrangerai aussi du mobilier de M. votre père : il servira au concierge qui le remplace, et, si vous m’en croyez, vous vous logerez en garni ; pour un jeune homme c’est plus commode. Je vais donc vous solder vos volumes à cinq francs pièce, c’est plus que vous n’en trouveriez chez un bouquiniste ; un tapissier voisin va estimer le mobilier : je retiendrai sur ce solde le compte des funérailles de M. votre père, dont voici la petite note acquittée, et je tiendrai le surplus à votre disposition.

» Deux heures après, je sortais de chez le successeur de M. Raymond, avec un paquet sous le bras, et 720 fr. dans ma poche.