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chose : faites un coup pareil, on vous empoigne, on vous mène au violon, et vous en aurez au moins pour deux ou trois mois de bonne prison, bien chauffé, bien couché, bien nourri,… vous filez comme ça la fin de l’hiver, et au beau temps… vous verrez voir… la charpente recommencera, vous trouverez de l’ouvrage… Et puis, l’été, c’est pas si dur ; enfin, vous vous retrouverez après tout comme vous êtes aujourd’hui, et vous aurez vécu trois ou quatre mois. Et, fichtre ! savez-vous que c’est quelque chose ça ? Mon garçon, je vous parle comme je parlerais à mon fils… Vous croyez que je ris,… mais au bout de huit jours de la vie de Paris, vous verrez que j’avais raison, et vous regretterez de ne m’avoir pas écouté.

— Il peut y avoir du vrai dans ce que vous me dites, Monsieur,… quoique cela soit bien triste à penser… cependant je veux essayer de trouver du travail, car la prison me fait horreur. J’accepte votre offre pour les vêtements, car je ne puis aller tête nue et pieds nus ; maintenant pouvez-vous me donner ce qu’il me faut pour écrire ?

— Voilà… ma table, mon registre… et une feuille de papier dont je vous fais cadeau. Pendant ce temps-là, je vas examiner votre paquet, et, si ça me convient, chercher les chaussures et le bonnet…

J’écrivis, en quelques mots, ma déplorable position à Claude Gérard, le priant de me répondre courrier par courrier, à Paris, poste restante. J’éprouvai un peu de consolation dans ce rapide épanchement de tant de chagrins, de tant de déconvenues ; je cachetais ma lettre, lorsque l’hôte rentra avec une paire de souliers passa-