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utile à sa manière, et reprit, après un moment de silence :

— Tenez, vous me paraissez bon enfant et honnête garçon ; arrangeons vos affaires… voyons, qu’est-ce qui vous reste… sonnant ?

— Seize sous, ce paquet, qui contient trois chemises, deux mouchoirs et une veste de travail.

— Voilà tout ?

— Voilà tout.

— Si vos chemises et vos mouchoirs valent quelque chose, je vas vous les troquer contre une bonne paire de souliers et un bonnet grec, encore très-mettable ; vous serez chaussé et coiffé ; votre pantalon peut aller ; vous mettrez votre veste sous le bourgeron, vous aurez moins froid. Vous voilà donc vêtu… Maintenant pour aller gagner votre vie sur les ports ou à la porte des spectacles… vrai… si crâne que vous soyez, je ne vous donne pas quinze jours pour tourner au filou… sans vous offenser… et, encore ça, c’est la bonne chance ; la mauvaise, c’est de ne pas même trouver à gagner un sou pendant un jour ou deux, ça fait qu’au troisième jour… la faim vous tortille. C’est pas çà qui vous faut. Ce qui vous faut, je vas vous le dire. Écoutez-moi bien : Descendez dans Paris… arrêtez-vous devant la première belle boutique que vous verrez, ramassez une écaille d’huître… et cassez un carreau… Attendez donc, c’est très-sérieux, mon garçon, ce que je vous dis là… Aimez-vous mieux donner un coup de pied dans le ventre… du premier sergent de ville que vous rencontrerez… ça va encore… tout ça c’est pas déshonorant, n’est-ce pas ?… mais voilà le bon de la