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CHAPITRE XIII.


la nuit.


Je ne pouvais en douter : le cul-de-jatte avait renouvelé connaissance avec Bamboche ; c’était de celui-ci qu’il s’agissait lorsque le bandit, entrant dans le cabaret d’un air alarmé, s’était écrié : S’il vient ce soir, dites-lui qu’il n’aille pas là-bas cette nuitil y fumeil comprendra

Sans pénétrer le sens de ces mots mystérieux, je supposai qu’un danger, peut-être commun à lui et au cul-de-jatte, menaçait Bamboche.

Non seulement la pensée d’une telle communauté de vie avec ce brigand me fit frémir pour Bamboche, mais elle me causa un embarras mortel : je n’osais plus, ainsi que j’en avais l’intention, interroger le cabaretier sur le compte de mon ami d’enfance, afin de savoir si je pouvais être certain de le voir le soir même ; l’accueil fait au cul-de-jatte ne m’encourageait pas. Pourtant voyant l’heure s’avancer, songeant à l’extrémité où je me trouvais acculé, je surmontai mon hésitation, je m’approchai du comptoir pour payer mon écot, et je m’aperçus seulement