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ment ; sa démarche auprès de Claude Gérard le témoignait assez ! Peut-être, enfin, allais-je avoir, par Bamboche, des nouvelles de Basquine… Pour la première fois, depuis bien long-temps, je ressentis une émotion de bonheur, émotion d’autant plus douce, qu’un moment auparavant j’étais plus désespéré.

Le fiacre s’arrêta vers le commencement de cette rue si bruyante, si brillante, car nous étions à la fin de décembre, et quoiqu’il fît encore jour, les boutiques commençaient à étinceler de lumières : j’étais ébloui de tant d’éclat, étourdi de tant de bruit, et sous l’impression de bonheur que je ressentais en songeant à Bamboche, je commençai à trouver que Paris offrait un spectacle véritablement féerique.

Le cocher m’ouvrit la voiture, j’entrai dans une maison de somptueuse apparence, et je demandai au portier :

— Le capitaine Hector Bambochio est-il chez-lui, Monsieur ?

— Le capitaine Hector Bambochio ! s’écria le portier en prononçant ce nom avec un accent de considération, de déférence et de regret, — hélas ! Monsieur, il y a six mois que nous l’avons perdu !

— Il est mort ? — m’écriai-je.

— Mort ! non, non, Monsieur, à Dieu ne plaise qu’un tel malheur arrive… — me répondit le portier, — le capitaine Hector, un des libérateurs du Texas !… un seigneur si généreux… si peu fier… si bon enfant… si gai… Non, non, il y en a trop peu de ce calibre-là pour qu’ils meurent… Je veux dire seulement