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qui touche les principaux droits et devoirs des citoyens, l’analyse succincte des événements les plus importants, les plus glorieux de notre histoire, terminaient l’éducation des adultes.

Dans ces derniers enseignements, rapides, incomplets, mais tout palpitant de patriotisme, Claude Gérard enseignait, si cela se peut dire, l’amour de la france.

« — Mes enfants, — disait-il toujours, — vous avez deux mères… à qui vous devez amour, tendresse et respect, à qui vous devez votre sang, votre vie… c’est votre mère… c’est la France… Envers toutes les deux, les liens, les devoirs sont les mêmes… faire rougir l’une… c’est faire rougir l’autre… enorgueillir celle-ci… c’est enorgueillir celle-là… Avant tout, ayez donc le culte de la France… soyez fier de lui appartenir, de la servir, de la défendre… de la venger… cette bonne vieille mère… »

Cette ardente et naïve croyance à un être de raison qui s’appelle la France, saint enthousiasme qui a enfanté les immortels prodiges de la France républicaine… ferait sourire de pitié bien des esprits forts de ce temps-ci. Mais les rustiques intelligences, droites, énergiques et aimantes, qui s’étaient façonnées aux enseignements de Claude Gérard, avaient encore la candeur de s’enflammer d’un bel amour pour la patrie ; ils ignoraient que le patriotique élan de nos glorieux pères de 93 touchait au ridicule et au chauvinisme, injure inventée pour flétrir le niais et farouche dévoûment au pays, ainsi que disent ces mêmes esprits forts de la lâcheté, comme les appelait Claude Gérard.