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nuits), jusqu’à la malheureuse et coupable insouciance des familles et au mauvais vouloir des autorités de la commune, Claude Gérard obtenait généralement des résultats incroyables.

Loin de borner l’éducation de ses élèves à la lecture et à l’écriture, il leur donnait autant que possible une institution utile et pratique pour leur condition.

Ainsi ses enseignements, clairs, simples, variés, touchaient et résolvaient toutes les questions fondamentales de l’agriculture, appropriées à la culture de la contrée qu’il habitait, sauvegardant ainsi toute une jeune génération contre les préjugés et la routine.

De plus, deux fois par semaine, Claude Gérard conduisait ses écoliers chez un petit nombre d’artisans établis dans la commune ; là, chacun, selon son goût, apprenait du moins les premiers rudiments d’un de ces états manuels, pour ainsi dire indispensables au cultivateur isolé dans sa ferme, à de grandes distances des villages ; ainsi la plupart des écoliers de Claude Gérard, devenant un peu charpentiers, serruriers et maçons, pouvaient au besoin étayer une charpente affaissée, ferrer une charrue ou consolider un mur crevassé ; afin d’obtenir des artisans ces leçons pratiques pour ses écoliers qui d’ailleurs leur servaient ainsi d’apprentis deux fois par semaine, et les aidaient dans leurs travaux, Claude Gérard donnait à ces artisans eux-mêmes certaines notions de géométrie et de mécanique élémentaires, applicables à leur profession, et très-nécessaires au charpentier pour la coupe et l’assemblage des bois, au maçon pour la taille des pierres et la bâtisse, au serrurier pour le calcul des ressorts, des poids et des leviers.