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fabrique, et si vous le désirez, on continuera au même prix.

Le mulâtre fit donc son offrande à la fabrique, conclut le même marché pour les années suivantes, et repartit le soir même avec Régina qui, de ce moment, crut toujours que les soins donnés au tombeau de sa mère avaient été et étaient des soins intéressés et payés.

Depuis ce jour, chaque anniversaire de la mort de la mère de Régina fut pour moi la source d’émotions indéfinissables. L’année se passait ainsi presque rapidement, grâce à l’impatience, à l’anxiété mêlée d’espérance et de crainte avec laquelle j’attendais ce jour unique entre tous les jours, qui ramenait Régina au village.

Lors du troisième anniversaire, ayant remarqué du creux d’une haie où je m’étais blotti, que Régina restait auprès de la tombe de sa mère jusqu’à la nuit, quelle que fût l’inclémence du temps, j’avais, au moyen d’une natte de paille, maintenue par des perches, improvisé une sorte de toit au-dessus du banc adossé au cyprès ; je me félicitai d’autant plus de cette précaution que la neige tomba presque sans interruption durant cette journée.

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Ce fut ainsi que, d’année en année, je vis Régina grandir, et d’enfant devenir jeune fille. Ces rencontres, seulement annuelles et sans transitions, me rendaient plus frappant encore le développement des grâces de sa personne et de sa beauté qui devint éblouissante.

Lorsque Régina eut atteint l’âge d’environ seize ans, la perfection de sa taille élancée, la régularité de ses traits, le charme élégant et fier de sa démarche et de ses