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blanches, couleurs mélancoliques et douces d’une fraîcheur charmante.

Ma tâche accomplie, le sable de l’allée bien nivelé, je m’étais un instant reposé sur un banc de bois élevé par moi au pied du cyprès…

M’abandonnant alors à mes souvenirs, je pensais qu’à cette même place, une année auparavant, j’avais, pour la première fois, revu Régina… depuis son enlèvement dans la forêt de Chantilly.

Soudain, un bruit de chevaux de poste et de voiture, d’abord lointain, se rapprocha de plus en plus ; un secret pressentiment me fit tressaillir, j’éprouvai au cœur une violente commotion…

Bientôt la voiture s’arrêta ; quelques secondes après je vis Régina s’avancer, vêtue de noir, comme elle l’était l’année précédente.

La vieille servante lui donnait la main, le mulâtre à sombre figure suivait quelques pas en arrière.

Je restai un moment immobile, à la fois charmé, ravi et cependant frappé de stupeur ; mais voyant Régina s’approcher, je me sauvai aussi épouvanté que si je m’étais rendu coupable de quelque mauvaise action ; je franchis d’un bond l’entourage du jardin, et je m’élançai à travers champs, non sans entendre pourtant une exclamation de surprise et de joie que la vue des fleurs qu’elle s’attendait si peu à trouver sur la tombe de sa mère, arracha sans doute à Régina.

J’arrivai en hâte chez Claude Gérard.

— Mon ami ! — m’écriai-je en entrant (il avait désiré que je l’appelasse ainsi), — mon ami, si l’on vient de-