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Mais la pensée de Régina vint à mon aide, je l’invoquai mentalement comme on invoque son bon ange. D’un bond je m’élançai ; la pelle retomba sur la tête baissée du cul-de-jatte avec la rapidité de la foudre, coup si violent, que la pelle se fendit en deux…

Le cul-de-jatte éleva un instant les bras comme pour les porter à son front ; puis les forces lui manquèrent, il tomba à la renverse, et resta sans mouvement… Craignant de l’avoir seulement étourdi, je lui assénai de nouveaux coups avec un emportement farouche ; bientôt le sang rougit la neige autour de nous.

La vue de ce sang me fit frissonner… je jetai la pelle loin de moi, tremblant d’épouvante, comme si j’eusse commis un crime… Mais je surmontai cette émotion en me disant qu’après tout je venais de frapper justement ce profanateur de tombes.

Je m’approchai du cul-de-jatte afin de lui enlever les objets dérobés dans la fosse.

Je vis un écrin ouvert, d’où s’échappaient une grosse chaîne d’or et un médaillon du même métal… puis plusieurs bagues où brillaient des pierres précieuses, arrachées sans doute aux mains du cadavre ; enfin un porte-feuille que le cul-de-jatte venait d’ouvrir, car une assez grande quantité de lettres qu’il renfermait étaient éparses çà et là… de l’une de ces lettres sortait un lacet fait de cheveux, auquel pendaient une petite croix d’acier bronzé et une médaille de plomb, grande comme une pièce de dix sous…

Ma première pensée fut de ramasser ces objets, et d’aller à l’instant les porter à Claude Gérard, en le prévenant de ce qui venait de se passer ; mais réfléchissant