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fosse, contemplait silencieusement, comme moi, l’enfant toujours agenouillée. La vieille servante lui dit quelques mots tout bas, mais Régina, lui faisant un signe de la main, comme pour l’implorer, retomba dans son immobilité…

Je jetai, presque malgré moi, les yeux du côté où j’avais vu l’homme à figure sinistre, il avait disparu…

Soudain j’entendis au loin le tintement de grelots d’un attelage de poste et le bruit d’une voiture qui s’approchait rapidement.

À ce bruit que Régina ne parut pas remarquer, la vieille servante tressaillit, jeta un regard douloureux sur l’enfant, et de nouveau lui parla tout bas à l’oreille, mais aussi vainement que la première fois.

La voiture s’était arrêtée à la porte du cimetière.

Bientôt s’avança un mulâtre assez âgé, vêtu de noir et portant sur son bras un petit manteau, et un chapeau d’enfant ; il s’approcha de la servante et lui dit sèchement :

— Allons, Gertrude, la cérémonie est finie, vous savez les ordres de M. le baron ?

Gertrude lui montra d’un regard suppliant Régina toujours agenouillée.

— Elle ne restera pas là toute la journée, n’est-ce pas ? — dit le mulâtre. — Un quart d’heure de plus, un quart d’heure de moins ne sont rien… Et, vous le savez, les ordres de M. le baron sont exprès…

— Régina… — dit la vieille servante d’une voix coupée de sanglots, — il faut partir… vous vous rendrez malade… venez, venez…

L’enfant fit un signe de tête négatif, et resta immobile.