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» — Saint Bazile est un anarchiste ! Ainsi, à son compte, les propriétaires sont des voleurs…

» — Du bien des pauvres… C’est Saint Bazile-le-Grand qui dit cela, — Monsieur, — répartit Claude Gérard.

» J’étais confondu, je ne m’attendais pas à ce tour diabolique, et je tâchais de me rappeler d’autres textes à opposer à la citation de Claude Gérard.

» Cependant le pauvre Bouchetout était dans sa colère un vrai foudre de guerre.

» — Comment, — s’écriait-il, — un Saint Bazile me traitera de voleur parce que j’userai à ma guise du bien dont j’ai hérité de mon père ! Allons donc… c’est impossible… c’est un faux Saint Bazile. Ce livre-là n’est pas de lui, ou s’il est de lui… je le renie… Tiens… après tout, faute d’un saint, le paradis ne chôme pas…

» — Hélas, Monsieur, — reprit l’abominable Claude Gérard, — vous parlez d’héritage, Saint Augustin, un autre saint, dont la parole doit être aussi sacrée pour vous…

» — Ta, ta, ta, dites-moi d’abord quelle est la parole… je verrai ensuite si elle doit être sacrée pour moi… Ah ! il m’en souviendra de Saint Bazile, — riposta le bon Bouchetout.

» — Voici ce que dit Saint Augustin de l’héritage, — reprit Claude Gérard en ouvrant un autre livre :

» Gardez-vous de prendre le prétexte de l’amour paternel pour augmenter vos biens ; je garde mes biens pour mes enfants, belle excuse ! Voyons un peu, votre père les garde pour vous, vous les gardez pour vos enfants, vos enfants les gardent pour les leurs, et ainsi