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coups de pierres, dans le verger de Bouchetout. Il surprend les maraudeurs, leur casse sa canne sur le dos, et vient ensuite me chercher pour aller chez Claude Gérard lui demander la punition de ces drôles. Vous allez voir ce qui s’ensuivit, et comment les plus petites causes produisent les plus grands effets.

» — Vous aurez à punir durement et sévèrement trois de vos polissons d’écoliers, qui ont volé mes noix — dit ce bon Bouchetout, — je leur ai préalablement cassé ma canne sur le dos… ils s’en souviendront… et une bonne punition donnée par vous complétera l’exemple.

» — Ces enfants ont eu tort, Monsieur, — dit hypocritement Claude Gérard, — ils ont eu grand tort, mais puisque vous les avez battus… ils sont, ce me semble, suffisamment punis… Je leur ferai d’ailleurs comprendre la faute grave qu’ils ont commise…

» — Avec votre indulgence et vos principes, — m’écriai-je indigné, — vous ferez de ces enfants de petits voleurs ! Voilà les conséquences de l’éducation anti-religieuse que vous leur donnez, Monsieur… Vous les élevez en païens… ils agissent en païens !… Élevez-les en chrétiens… ils agiront en chrétiens.

» — C’est évident ! — répéta Bouchetout comme un écho, — pour qu’ils agissent en chrétiens, il faut les élever en chrétiens.

» — Ah ! Monsieur, — s’écria Claude Gérard, — les élever chrétiennement… ce serait mon plus ardent désir, ce serait le comble de mes vœux… Mais hélas ! je n’ose pas… je ne le puis pas…