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homme instruit, doux, résigné, laborieux comme Claude Gérard, vêtu ainsi qu’un mendiant, avec des sabots aux pieds ; j’ai rougi de honte encore, et de pitié aussi, en pensant à l’étable où notre instituteur donne ses leçons. Je suis donc presque décidé à faire les frais, pour la commune, d’un local plus convenable, et à porter les appointements de Claude Gérard à une somme qui lui permette de vivre, au moins d’une manière décente.

» Je regardai la dupe de Claude Gérard avec la consternation que vous imaginez.

» — Cela n’est pas sérieux, — dis-je à cet égaré.

» — Si sérieux, mon cher monsieur le curé, que j’ai déjà en vue une maison qui me paraît sortable.

» Heureusement la Providence vint à mon secours : la mort presque subite d’un oncle de cette pauvre dupe la força de quitter le pays, des affaires importantes la retinrent long-temps et la fixèrent enfin à Paris, aussi ce Claude Gérard est resté Jean comme devant, donnant ses leçons dans une étable infecte, malsaine… que les enfants devraient fuir comme la peste… et pourtant, quoiqu’ils tombent souvent malades par suite du mauvais air qu’on y respire, la diabolique école est toujours comble…

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… Et voilà ce qui s’est passé, voyez si j’ai lieu et raison de craindre que cet infernal instituteur me débauche jusqu’à cet excellent et naïf Bouchetout.

» Quelques écoliers de Claude Gérard avaient, il y a trois jours, en sortant de classe, abattu des noix à