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se rapprocher de moi. Voulant donc les avertir aussi promptement que possible de mon retour, quoique une assez grande distance me séparât encore de l’endroit du rendez-vous, je m’arrêtai, et poussai un cri connu de Bamboche et de Basquine.

Je ne puis dire avec quelle angoisse, avec quels battements de cœur j’attendis que l’on répondît à mon signal.

Mon attente fut trompée.

Rien ne me répondit.

— Ils sont trop loin… ils ne peuvent m’entendre, — me dis-je en courant vers la croix de pierre dont les bras brillaient alors éclairés, mais dont le piédestal massif disparaissait dans une ombre épaisse.

Grâce à l’agilité de ma course et malgré la rapidité de la montée, j’arrivai en quelques minutes au pied de la croix.

Mes compagnons ne s’y trouvaient pas.

En vain je jetai les yeux au loin, car le point culminant où je me trouvais, dominait les deux montées opposées de la route ; je ne vis personne ; le cœur brisé, j’appelai… je criai.

Aucune voix ne répondit à mes appels, à mes cris.

Alors, épuisé de fatigue, haletant, désespéré, je me jetai au pied de la croix en fondant en larmes,… souffrant mille morts de l’odieux abandon de mes compagnons. Soudain je sentis mes mains, qui touchaient le sol, toutes mouillées, je regardai à côté de moi, et je vis comme une large mare noirâtre au milieu de laquelle j’aperçus un assez grand morceau d’étoffe blanchâtre ;… je le pris, et trois pièces de cinq francs qu’il cachait, brillèrent à la clarté de la lune…