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dis en larmes, car je me reprochais d’être la cause involontaire de la punition de Bamboche.

Cette première crise de douleur passée, j’écoutai si je n’entendrais pas les cris de mon compagnon.

Tout resta dans le plus profond silence.

Je me hissai jusqu’à la petite fenêtre, grillée par deux barres de fer en croix, je ne vis rien.

La nuit vint. À l’heure du repas, j’entendis frapper à ma porte, et bientôt après la voix de la Levrasse.

— Petit Martin… tu te coucheras sans souper, ça calmera ton agitation ; demain, l’homme-poisson, ta nouvelle connaissance, te consolera.

Je passai une nuit pénible, cent fois plus pénible que celle que j’avais passé dans cette même chambre, lors de mon arrivée chez la Levrasse.

Vers minuit, brisé de fatigue, de chagrin, je m’endormis d’un sommeil troublé par des rêves sinistres, je voyais Bamboche soumis à d’affreuses tortures, je l’entendais me dire : « Martin, Martin, c’est ta faute… » Au milieu de ces songes effrayants m’apparaissait la figure monstrueuse de l’homme-poisson ; il me poursuivait, et je ne pouvais échapper à ses cruelles morsures.

Deux coups bruyamment frappés à ma porte m’éveillèrent en sursaut au milieu de ce rêve. Il faisait jour. J’écoutai : c’était la voix de la Levrasse.

— Vite, vite, petit Martin… l’homme-poisson vient d’arriver ; il attend son petit serviteur.

Et la porte s’ouvrit.

La réalité, continuant pour ainsi dire mon rêve